On connaît le destin fabuleux d'autres attachées de presse, telles que celui de Laetizia Ortiz devenue reine d'Espagne... On connaît moins celui de Prudence Emery qui après une carrière d'attachée de presse bluffante, devient autrice de romans policiers à plus de 80 ans.
Si des familles ont le chic pour choisir des prénoms pour leur progéniture qui ne sont absolument pas adéquats avec leur future personnalité, c’est bien le cas de la famille Emery, une famille déjà assez excentrique et très aisée, originaire de Nanaimo, une petite ville canadienne de Colombie Britannique.
En 1936, le couple Emery eut une fille qu’ils décidèrent d’appeler Prudence… Véritablement le prénom qui n’allait pas convenir à celle qui allait vivre à toute vitesse durant toute sa longue vie et pour qui le mot prudence devait être assez inconnu dans son vocabulaire !
La jeune Prudence, qu’on appela plus simplement Pru très vite, fit ses études à Vancouver et papa Emery décida qu’il serait très bien de l’envoyer à Londres pour qu’elle suive les cours d’une école d’art réputée… Une décision qui ne se révéla pas très bonne, Prudence considérant plus Londres comme un lieu idéal pour faire la fête que pour étudier ! Toutefois, elle en profita pour commencer à composer un portefeuille de relations qui allait lui servir dans ses prochaines… vies !
Recrutée par Expo 67, exposition universelle tenue à Montréal en 1967 sur le thème « Terre des Hommes » ayant pour objectif de mettre en valeur les réalisations industrielles et technologiques des pays hôtes, elle repartit ensuite pour Londres pour rejoindre, incidemment et sans aucune recherche, le service des relations presse du célébrissime et chicissime hôtel Savoy.
Son caractère enjoué, sa bonne humeur constante et l’amour de ce métier la servirent et Pru devint bientôt l’une des attachées de presse les plus connues à Londres, vue en compagnie de Louis Armstrong, de Twiggy, de Noël Coward, de Liza Minelli, d’Elizabeth Taylor, de Petula Clark et bien d’autres… Elle se démena dans les missions les plus difficiles : par exemple, obtenir une interview avec Sheikh Mujibar Rahman pour David Frost ou faire inviter Pierre Trudeau à une réception très fermée où il put rencontrer Barbara Streisand… Les Beatles l’adoraient et le Tout Londres, y compris politique, la connaissait et l’appréciait !
Peut-être lassée par sa vie londonienne, Prudence Emery décida de rentrer au Canada en 1975 où elle embrassa le monde du cinéma en qualité de publiciste. C’est dans sa région natale qu’elle décida d’écrire ses flamboyantes mémoires dans un livre qu’elle intitulera Nanaimo Girl, (Cormorant Books) elle avait déjà 82 ans : elle retrace dans cet ouvrage toutes ses « vies » en Angleterre et au Canada, relatant une foule d’anecdotes amusantes avec ses célébrités !
Sa carrière d’autrice n’était pourtant pas terminée, car à 85 ans, en co-writing avec Ron Base, un scénariste et auteur canadien qui la connaissait depuis ses années du Savoy, et avec qui elle avait collaboré sur plusieurs projets, elle entreprit l’écriture de plusieurs romans policiers qui mettaient en scène, devinez… l’attachée de presse du Savoy à Londres qui devenait détective amateur à ses heures lorsque de riches clients se faisaient assassiner dans son hôtel ! C’est ainsi que naquit la série Bienvenue à l’Hôtel Savoy, éditée aux Editions de la Martinière en France.
Prudence Emery nous quittait le 14 avril dernier après ce que l’on peut vraiment appeler une vie bien remplie et très joyeuse ! Elle qualifiait sa vie de très « rollicking » !
« Toute ma vie fut une suite de manques de direction. Je n’avais jamais de plan. Je n’ai jamais recherché les jobs que j’ai obtenus, les choses se passaient juste ainsi ». Prudence Emery
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