Sultan Haitham City : une nouvelle ville durable, intelligente et humaine à Oman
- Eric ALAUZEN
- 13 juin
- 5 min de lecture
Située à Seeb, à l’ouest de Mascate, Sultan Haitham City est une ville nouvelle intelligente en cours de développement par le ministère du Logement et de l’Urbanisme du Sultanat d’Oman. Ce projet majeur s’inscrit pleinement dans les objectifs de la Vision Oman 2040, qui vise à renforcer la durabilité, la résilience et l’attractivité urbaine du pays.
Avec une superficie totale de 14,8 km², dont près de 3 km² d’espaces verts, la ville est conçue pour accueillir 100 000 habitants dans environ 20 000 logements. Elle se positionne comme une alternative moderne et planifiée à l’étalement urbain non maîtrisé de Mascate.
Le Sultanat d’Oman : un joyau discret de la péninsule arabique
Situé à l’extrémité sud-est de la péninsule arabique, le Sultanat d’Oman s’étend entre mer d’Arabie et désert, bordé par les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le Yémen. Sa position stratégique, à l’entrée du détroit d’Ormuz, en fait un acteur discret mais essentiel du commerce maritime mondial.
Oman est une monarchie dirigée depuis 2020 par le Sultan Haïtham ben Tariq, successeur du très respecté Sultan Qaboos, qui a modernisé le pays tout en préservant ses traditions.
Le Sultan concentre l’essentiel des pouvoirs exécutifs, mais reste populaire grâce à une gouvernance perçue comme stable, modérée et tournée vers le dialogue. À la différence de ses voisins comme Dubaï ou Abou Dhabi, Oman s’est délibérément écarté du modèle flamboyant des autres pays du Golfe. Ici, pas de gratte-ciels spectaculaires ni de luxe tapageur : le pays mise sur l’authenticité, le patrimoine et la diversité naturelle.
Montagnes, wadis, plages vierges et villages en pisé composent un paysage à l’écart du tourisme de masse.
L’économie omanaise repose largement sur le pétrole et le gaz, mais le gouvernement s’emploie à diversifier les ressources, notamment à travers la pêche, l’agriculture, le tourisme durable et la logistique (notamment avec le port de Duqm).
Le plan Vision Oman 2040 vise à réduire la dépendance aux hydrocarbures et à offrir davantage d’opportunités aux jeunes Omanais. Dans une région souvent marquée par les tensions, Oman se distingue par sa diplomatie de neutralité active, jouant un rôle de médiateur dans les conflits régionaux. Cette position, combinée à une société ouverte, lui assure une stabilité enviée.
Une ville pensée pour l’humain et la nature
L’aménagement urbain repose sur une vision intégrée : 19 quartiers mixtes et denses graviteront autour d’un wadi naturel réaménagé en parc linéaire de 7,5 km, véritable colonne vertébrale verte du projet. Loin des modèles autoroutiers, Sultan Haitham City fait le choix d’une ville marchable, où les pistes cyclables, les voies piétonnes ombragées et les transports publics doux structureront les déplacements. Une artère centrale longue de 3,4 km sera réservée aux mobilités actives.
Côté habitat, la diversité est de mise : villas indépendantes, maisons mitoyennes, appartements seront répartis de manière équilibrée pour répondre à différents profils familiaux et sociaux. L’accessibilité financière est aussi au cœur du projet : un système de crédit immobilier à 3,5 %, plafonné à 80 000 rials omanais (env. 190 000 €), facilitera l’accession à la propriété. Environ 5 % des logements sont réservés au social, et des unités sont également proposées aux étrangers, sous certaines conditions.
Un urbanisme durable et technologique
Sur le plan écologique, Sultan Haitham City se veut exemplaire. L’urbanisme bioclimatique est au cœur de la conception : orientation des bâtiments, matériaux durables, gestion des eaux pluviales, éclairage intelligent, tout est pensé pour limiter l’impact environnemental. L’énergie solaire sera largement exploitée, et une gestion circulaire des déchets est prévue. Cette approche vise une ville résiliente, capable de s’adapter au climat chaud et humide du Golfe.
L'appellation "smart city" n’est pas ici un gadget, mais un levier de qualité de vie et d’efficacité.
Équipements publics et cadre de vie
Une attention particulière est portée aux services publics et à la vie communautaire. Sultan Haitham City abritera 39 écoles, 1 université, 25 mosquées, 11 centres de santé, un hôpital de 1 200 lits, ainsi qu’un centre de soins dédié aux personnes âgées et handicapées, sans compter les centres commerciaux et les gymnases dont certains en plein air. Les infrastructures culturelles, sportives et commerciales seront réparties de manière équitable sur l’ensemble du territoire pour renforcer la mixité sociale et le sentiment d’appartenance.
Le design urbain est également porteur de sens : un logo inspiré du nombre d’or et de la nature omanaise, un slogan clair – “Treasure the Future” – et une identité visuelle forte participent à faire de Sultan Haitham City un projet fédérateur, à la fois tourné vers le futur et ancré dans la culture nationale.
Un calendrier ambitieux et une vision à long terme
Le chantier s’étale sur vingt ans, avec quatre grandes phases de développement. La première, prévue entre 2024 et 2030, porte sur 5 km² et inclut la construction de 6 750 logements, d’un hôpital privé, de six quartiers pilotes et d’un vaste parc. Les travaux ont déjà commencé et les phases suivantes, jusqu’en 2045, permettront d’atteindre les 20 000 logements et la pleine capacité de la ville.
Le projet repose sur un financement hybride, associant secteur public et privé. L'investissement global du projet s'élève à 1.7 milliard USD.
"Les travaux de construction ont démarré à un rythme accéléré depuis le lancement du projet, grâce à la participation de six promoteurs sur le terrain" - Laila Al-Nasseri, Responsable du suivi des promoteurs de la ville.
Le fait marquant de ce projet est qu'il avance beaucoup plus vite que prévu. La première phase a dépassé le calendrier prévu, couvrant plus de 50 % de la superficie de la ville, et ceci grâce à la coopération des promoteurs et aux aides fournies par les agences gouvernementales compétentes, confirme Laila Al-Nasseri.
La première phase devrait être achevée d'ici 2030, et le projet devrait être entièrement achevé en 2045, avec la possibilité d'accélérer les travaux si le rythme actuel des travaux se maintient.
Un modèle urbain à l’omanaise
Contrairement à certains projets spectaculaires du Golfe comme Neom en Arabie saoudite ou The Line, Sultan Haitham City ne cherche pas à impressionner par sa verticalité ou ses records. Son originalité réside dans une approche plus humaine, réaliste et enracinée dans le contexte local. Une Singapore Street symbolisera cette ouverture internationale, tout en intégrant l’esthétique et les usages traditionnels d’Oman.
À terme, cette ville nouvelle pourrait servir de modèle pour d’autres projets, comme Thuraya City ou Salalah Future City, dans une logique de réseau urbain maîtrisé à l’échelle nationale. Plus qu’un chantier, Sultan Haitham City est une déclaration d’intention : celle d’un pays qui regarde vers l’avenir, sans renier ses fondements.
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