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La propagande sous l’Antiquité

Photo du rédacteur: Eric ALAUZENEric ALAUZEN

Nous avons étudié, dans un autre article de ce blog, le rôle important mené par Ivy Lee, le père des relations publiques et du lobbying, dont les objectifs de l’époque se sont souvent mélangés à ceux de la propagande, notamment lorsqu’il accepta de coopérer avec le régime nazi en cette matière, initiative que ses confrères américains ne lui pardonnèrent pas.


Mais la propagande n’a pas commencé avec Ivy Lee, loin de là. Déjà, dans l’antiquité, les dirigeants, sous des formes différentes, savaient comment manipuler leurs opinions publiques.


Introduction à la définition de la propagande

 

La propagande, technique de persuasion et mot issue du latin propagare signifiant propager, répandre, est l’action de faire connaître une information, mais aussi, plus insidieusement, de faire accepter une doctrine ou une idée…

 

 

Gouverner, c’est faire croire
Machiavel, le Prince, 1513

 

En d’autres termes, la propagande a pour objectif d’orienter, voire de façonner la connaissance de l’opinion publique, en n’hésitant pas à utiliser, par exemple, la censure (qui supprime les informations que le pouvoir n’a pas le désir de faire connaître au public), les fausses nouvelles (fake-news-voir notre article) largement utilisées au XXIème siècle, la confusion ou la diversion (le pouvoir met en avant, via les média, des nouvelles normalement secondaires pour faire oublier des faits ou des actualités qui gênent ce même pouvoir)

De la propagande, depuis longtemps, tout un chacun en subit les effets sans obligatoirement s’en rendre compte… Elle est présente dans nos religions (propager la bonne parole pour atteindre des populations lointaines), en politique (le mot propagande, défini par Condorcet, était déjà utilisé sous la révolution française), en économie, dans le domaine militaire (durant les guerres pour déshumaniser l’ennemi), dans les média et en publicité.


La propagande sous l’antiquité grecque et romaine


La propagande se manifeste sous diverses manières, principalement à travers l'art, l’écrit, la politique et l’oral. Il convient de préciser d’abord que même si la notion de propagande n’existait pas telle que nous la concevons de nos jours, les dirigeants et les élites de ces civilisations ont pourtant bien utilisé des techniques similaires pour influencer et façonner l’opinion publique, consolidant ainsi leur pouvoir et légitimer leur autorité.  


La propagande était alors souvent liée à la guerre, à la politique, et surtout à la légitimation de l’autorité des dirigeants.


Dans la Grèce antique, les orateurs tels que Démosthène (384-322) ou Périclès (495-429) mettaient à profit l’art oratoire pour manipuler l’opinion publique en ralliant la population à des causes précises, notamment lors des guerres (celle du Péloponnèse, par exemple). Le discours avait alors un rôle particulièrement crucial pour soutenir des politiques spécifiques ou des actions militaires.


Les pièces de théâtre, que ce soit la tragédie ou la comédie, jouaient également leur rôle dans la diffusion de messages idéologiques destinés à orienter la manière de penser des citoyens sur des questions de morale, d’ordre social, de justice ou de guerre.


La propagande vivait également à travers les sculptures et les monuments. Sous les régimes fascistes du XXème siècle, cette architecture sera nommée architecture totalitaire. Les sites du Parthénon à Athènes ou la statue de Zeus à Olympie renforçaient l’idée de la grandeur d’Athènes. Les sculptures publiques des dieux, des héros ou des vainqueurs militaires célébraient leurs exploits et renforçaient en même temps le pouvoir d’un dirigeant.



La propagande sous l’Antiquité
Aureus à la gloire de l'empereur Auguste

Dans la Rome antique, les Romains ont développé des formes plus sophistiquées de propagande, notamment en lien avec l'expansion de l'Empire et la consolidation de la dynastie impériale.


Là aussi, tout comme en Grèce, l’architecture et la sculpture ont joué des rôles importants dans la propagande : les généraux romains organisaient des triomphes qui étaient de grandes processions où étaient exhibées les richesses capturées ainsi que les prisonniers de guerre. Des monuments, tels que les Arcs de Triomphe (Titus ou Trajan) commémoraient et rendaient éternelles les victoires qui glorifiaient l’empereur.



La propagande sous l’Antiquité
L'Arc de Titus

De même, les monnaies impériales servaient à diffuser leur image et leurs messages (slogans glorifiant leur règne) dans les contrées les plus lointaines de l’Empire et représentaient un moyen efficace d’asseoir leur autorité.


Pour encore plus renforcer leur pouvoir aux yeux du peuple, les empereurs romains publiaient des décrets et des inscriptions sur des monuments publics sur lesquels étaient gravés leurs succès militaires et politiques. (Voir notre article dans notre blog sur la communication chez les Romains).


Enfin, les discours et éloges publics, appelés panégyriques, souvent prononcés par des écrivains ou des orateurs, exaltaient les vertus et les succès de l’empereur. Un exemple qui nous est parvenu est celui du panégyrique prononcé à la gloire de l’empereur Auguste qui mettait en valeur ses réformes et sa pacification de l’Empire.


Propagande positive et négative


Ce sont les Grecs et les Romains qui ont, les premiers, utilisé la propagande négative à l’égard de leurs ennemis en les représentant comme des envahisseurs sanguinaires, barbares et tyranniques (exemple de la représentation des Perses par les Grecs). Par contre, ils avaient également recours à la propagande positive lorsqu’ils propageaient l’idée que leur expansion soulignait une mission civilisatrice et vectrice de paix et d’ordre aux barbares conquis.


La propagande sous l’Antiquité
Les sculptures antiques, vecteurs de légitimité d'un empereur (Octave)

Le culte de la personnalité (que l’on retrouve au XXème siècle chez Hitler) faisait également partie des techniques de propagande lorsque les empereurs faisaient feu de tout bois lorsqu’il s’agissait de s’auto-représenter sur des statues, des portraits sur la monnaie, sur des monuments publics… Ce culte renforçait encore davantage la légitimité de l’empereur aux yeux des citoyens.


En conclusion


Même si la propagande existant dans l’Antiquité grecque et romaine diffère dans ses formes et dans ses objectifs, par rapport aux contextes politiques, sociaux ou culturels, il faut quand même affirmer que la propagande antique était utilisée pour influencer la population en vue de justifier le pouvoir des dirigeants.


Les arts visuels, l’oral et l’écrit ont joué un rôle primordial dans les processus de propagande, en créant un langage visuel et discursif qui a marqué les civilisations antiques.



La propagande sous l’Antiquité
EA Pro Nantes Relations Presse

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