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Saint Augustin, une mémoire tunisienne au service du bien-vivre ensemble

  • Photo du rédacteur: Eric ALAUZEN
    Eric ALAUZEN
  • il y a 4 jours
  • 4 min de lecture

Alors que le pape Léon XIV affirme son attachement à la pensée de Saint Augustin, - "Je suis un Augustinien", furent ses premières paroles - c’est toute l'Afrique du Nord qui est invitée à redécouvrir l’héritage de ce penseur majeur, né sur ses terres. Formé à Carthage, aux origines mêlées de cultures berbères et puniques, Augustin incarne un patrimoine commun, capable aujourd’hui encore de rapprocher les peuples et de nourrir un dialogue entre traditions. Une richesse que la Tunisie valorise déjà dans son tourisme archéologique, par exemple à travers les basiliques chrétiennes de Carthage, les baptistères ou les catacombes chrétiennes.


Il est à noter que l'Ordre de Saint-Augustin, qu’a rejoint, à 22 ans, le cardinal Robert Francis Prevost devenu Léon XIV, fut fondé officiellement en 1256 par le pape Alexandre IV, en unifiant plusieurs petits groupes d’ermites. C’est un ordre mendiant, actif dans la prédication, l’enseignement et les missions. Présents sur les cinq continents, ils pratiquent des missions diverses, de l’enseignement dans les écoles ou universités à la vie de paroisse, l’aide aux pauvres, l’accompagnement spirituel, la recherche théologique. Le pontife a lui même effectué en 1987 un doctorat en droit canonique à l’Angelicum (Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin) avec une thèse sur le rôle du prieur local de l’Ordre de Saint-Augustin.

Saint Augustin, une mémoire tunisienne au service du bien-vivre ensemble
Saint Augustin, Musée du Louvre

Aux sources nord-africaines de Saint Augustin, penseur universel


L’élévation récente du pape Léon XIV et son attachement déclaré à la tradition augustinienne (centrée sur la quête intérieure de la vérité, la primauté de la grâce divine, et le dialogue entre foi et raison, valorisant aussi le vivre ensemble communautaire, fondé sur l'amour et la recherche de la paix) résonnent au-delà des frontières de Rome. Cette référence renvoie inévitablement à l'Afrique du Nord, berceau de l’un des plus grands penseurs du christianisme : Saint Augustin.


Né en 354 à Thagaste (actuelle Souk Ahras en Algérie), dans un Empire Romain où le christianisme représente la seule foi autorisée, d’une famille aux origines mêlées — à la fois puniques et berbères —, Augustin incarne cette richesse spirituelle et culturelle que l’Afrique a offerte au monde. Il meurt en 430 à Hippone (actuelle Annaba) alors que les invasions vandales déferlent sur la ville. Vingt ans plus tôt, en 410, Rome avait été mise à sac par Alaric Ier, roi des Wisigoths, date charnière entre la fin de l’antiquité et le début du haut moyen-âge.


Son parcours est aussi façonné par sa famille : sa mère, Monique (332-387), chrétienne fervente, aimante et persévérante, joua un rôle déterminant dans sa conversion. Son père, Patricius, païen d’origine, ne se convertit que sur le tard, illustrant déjà cette tension et ce dialogue entre traditions dans lesquels Augustin grandit.

Saint Augustin, une mémoire tunisienne au service du bien-vivre ensemble
Les vestiges de la Basilique Saint Cyprien, à Carthage (Tunisie), bâtie au IVème siècle

Des écoles de Carthage aux Journées Augustiniennes : un héritage qui rassemble


La ville de Carthage, aujourd’hui en Tunisie, fut pour le jeune Augustin le lieu de sa formation intellectuelle, mais aussi de beaucoup d’amusements. Il y étudia la rhétorique et la philosophie, fréquentant ses écoles renommées. Carthage (troisième ville de l’Empire Romain, après Rome et Constantinople), à cette époque, n’était pas seulement une grande cité commerciale : elle était un centre majeur de réflexion théologique et un creuset d’échanges entre cultures africaines, latines et chrétiennes. C’est là qu’Augustin affina son esprit critique, avant de poursuivre son itinéraire en Italie où mourut sa mère.


Aujourd’hui encore, cette mémoire reste vivante. Les Journées Augustiniennes de Carthage, organisées chaque année, témoignent de cette volonté de redécouvrir et de faire rayonner le legs de Saint Augustin, figure universelle mais enracinée dans la terre africaine. Ces rencontres attirent chercheurs, spécialistes de l’archéologie chrétienne, croyants et amoureux de l’histoire, et montrent que la Tunisie porte en elle un patrimoine spirituel capable de rassembler au-delà des différences.


Saint Augustin, une mémoire tunisienne au service du bien-vivre ensemble

Saint Augustin, une mémoire tunisienne au service du bien-vivre ensemble
Les Journées Augustiniennes de Carthage, édition 2024

Les œuvres d’Augustin, telles que Les Confessions ou La Cité de Dieu, continuent de nourrir la pensée contemporaine par leur profondeur sur la condition humaine, le rapport entre foi et raison, et la quête intérieure. Ces textes, nés d’un homme façonné par les paysages et les tensions de l’Afrique du Nord antique, rappellent combien cette région a contribué au patrimoine intellectuel mondial.

Saint Augustin, une mémoire tunisienne au service du bien-vivre ensemble
Les Confessions de Saint Augustin, édition 1690

Saint Augustin et Carthage : un passé vivant pour inspirer l’avenir


Dans ce contexte, le rappel par le pape Léon XIV de l’héritage d’Augustin offre une occasion précieuse de raviver le souvenir d’une époque où l’Afrique du Nord fut un foyer vivant du christianisme. Une terre où se croisèrent traditions berbères, influences puniques, et foi chrétienne naissante, en dialogue avec d'autres croyances. Aujourd’hui, ce patrimoine pourrait inspirer un nouveau regard, fondé sur le respect, la connaissance mutuelle et le « bien vivre ensemble », des valeurs chères à Augustin lui-même.


La Tunisie, riche de cette mémoire, a l’opportunité de valoriser son rôle historique dans le tissage des relations entre les cultures méditerranéennes. Ses vestiges chrétiens — basiliques, mosaïques, sites archéologiques — sont autant de témoins de cette présence ancienne et peuvent servir de tremplin à une redécouverte collective.


La figure d’Augustin, à la fois africaine et universelle, reste un pont entre les époques, les peuples et les croyances. Carthage, autrefois cité phare, peut à nouveau devenir un symbole de rencontre et de dialogue entre civilisations.


"L’amour est la source de la paix, et la paix est le fruit de l’unité" Saint Augustin

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EA Pro Nantes Relations Presse Internationales

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