Korbous, quand les eaux racontent deux mille ans d’histoire
- Eric ALAUZEN
- 9 août
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 août
Depuis plus de deux millénaires, Korbous, en Tunisie, fascine par la magie de ses sources chaudes, la beauté de son littoral et la singularité de son histoire. De Carthage à nos jours, elle a vu défiler souverains, voyageurs et curistes venus y puiser bien-être et inspiration. Voici le récit d’une destination rare, qui conjugue mémoire et renouveau.
Quand les eaux de Korbous murmuraient à l’oreille des Carthaginois
Korbous, dans la région du Cap-Bon et à une soixantaine de kilomètres de Tunis, nichée entre les eaux turquoise de la Méditerranée et les reliefs escarpés du Djebel Ressas, brille de tous ses éclats depuis plusieurs millénaires.
À quelques encâblures de la grande Carthage, les Puniques, puis les Romains, aimaient venir par bateau pour se ressourcer à Korbous, alors dénommée Aquae Calidae Carpitanae ou Carpis, appartenant à l’importante colonie de l’Afrique proconsulaire qui incluait Carthage.
Ils y construisirent de luxueuses résidences principales ou secondaires à flanc de colline, où ils se rendaient souvent pour profiter de la sophistication des thermes, alimentés par des jaillissements minéraux aux vertus thérapeutiques reconnues, pour prendre le soleil ou, plus simplement, oublier leurs vies trépidantes de chefs militaires ou d’administrateurs aux multiples responsabilités. Korbous, quand les eaux racontent deux mille ans d’histoire.
Telle la Belle au bois dormant, Korbous réveillée par un bey
Après plusieurs siècles de relative discrétion, le XIXᵉ siècle marque une nouvelle ère pour Korbous grâce à l’impulsion du bey Ahmed Ier (1806-1855).
Souverain éclairé et homme de goût, Ahmed Ier découvre ce joyau naturel et en devient immédiatement épris. Fasciné par la beauté sauvage des paysages, le climat doux et surtout la puissance bienfaisante des sources, il choisit d’y construire une villa somptueuse, symbole de son lien privilégié avec cette terre. Un geste personnel, véritable déclencheur d’un renouveau durable !
Bien évidemment, notables et élite le suivent, et cette initiative royale a pour conséquence que Korbous acquiert rapidement une réputation de destination de villégiature et de soins, un site privilégié où les traditions locales se conjuguent aux aspirations modernes de l’époque.
Dar-El-Bey, construite par le bey amoureux de Korbous, est devenue de nos jours l’établissement thermal public de la ville, très fréquenté par les Tunisiens et les touristes.
Edmond Lecore-Carpentier, mémoire vivante de Korbous
Il ne fut ni médecin, ni bâtisseur, ni politique — mais son nom est resté intimement lié à Korbous. Journaliste influent et directeur de La Dépêche Tunisienne, Edmond Lecore-Carpentier, époux de la petite-fille de Marie Curie, découvre la station tout au début du XXᵉ siècle et s’en éprend profondément.
Séduit par l’écrin qu’offre Korbous et la quiétude de ses eaux, il séjourne régulièrement dans une magnifique villa à flanc de montagne qu’il a fait construire. Il contribue activement au développement de la station en construisant une route d’accès, un casino (le premier en Tunisie) et en promouvant le luxueux Hôtel des Thermes, fréquenté par l’élite internationale.
Mais c’est surtout son attachement sincère à Korbous qui marque les mémoires. À sa mort, il choisit d’y être inhumé. Un geste rare, qui scelle pour toujours le lien entre un homme et un lieu.
Ce lien fut si fort que les habitants commencèrent à l’appeler affectueusement Sidi Carpenti, lui conférant un statut presque sacré. Une telle reconnaissance — digne des marabouts locaux — est exceptionnelle pour un Européen, preuve du profond respect qu’il inspirait.
Quand Korbous brillait sur la Côte du Soleil
Le véritable essor de Korbous s’opère dans les années 1920, période d’effervescence et de transformation pour toute la région. Mais déjà en 1913, la municipalité de Tunis (qui recensait déjà le nombre de touristes) classait Korbous comme l’une des premières destinations visitées en Tunisie.
Sur la « Côte du Soleil », Korbous devient alors une destination balnéaire et thermale de premier plan, attirant une clientèle cosmopolite. L’accès à Korbous se faisait alors essentiellement par bateau depuis Marseille, offrant un voyage empreint d’élégance et d’exotisme.
À leur arrivée, l’Hôtel des Thermes, véritable joyau architectural de son époque et doté de tout le confort occidental, mettait à la disposition des curistes des chambres spacieuses, des salons raffinés, de vastes terrasses face à la mer et des installations thermales sophistiquées.
Korbous cultivait un art de vivre unique, mêlant la douceur du climat méditerranéen, la richesse de ses eaux curatives et une ambiance raffinée où les plaisirs mondains se succédaient : bals, dîners, jeux, rencontres artistiques et littéraires.
La station constituait alors un creuset de cultures, où l’élégance européenne se mêlait aux traditions tunisiennes, créant une atmosphère à la fois cosmopolite et authentique.
Un regard présidentiel : une villa, un symbole
Dans les années 1960, la station thermale de Korbous, déjà auréolée de siècles de prestige, vit son destin se lier à celui du père de la nation tunisienne. Habib Bourguiba, président visionnaire et fervent défenseur du patrimoine national, décide de faire racheter par son gouvernement l’ancienne villa de Lecore-Carpentier, perchée face à la mer.
Ce geste, bien plus qu’un simple achat, fut interprété comme un acte fort : une reconnaissance officielle du potentiel de Korbous, et une volonté de préserver une part du charme unique de cette enclave thermale. La présence présidentielle projeta soudainement Korbous sur le devant de la scène, attirant l’attention des institutions comme des visiteurs curieux.
Un regain d’intérêt national
Si le projet de développement de la station ne se concrétise pas immédiatement, l’effet d’entraînement est là : de nouveaux visiteurs, un regain d’intérêt pour les bienfaits des sources, et l’amorce d’une réflexion sur la modernisation des infrastructures thermales. Korbous, jusqu’alors assoupie dans sa splendeur d’avant-guerre, rouvre peu à peu les yeux sur l’avenir.
Le Royal Tulip Korbous Bay Thalasso & Springs, un nouveau chapitre pour Korbous
Le Royal Tulip Korbous Bay Thalasso & Springs, inauguré en 2022, est bien plus qu’un hôtel de luxe : c’est un acte de renaissance. Pensé comme un hommage à la beauté brute de Korbous, l’établissement s’inscrit dans une démarche de valorisation du patrimoine local. Chaque pierre, chaque perspective, chaque aménagement est conçu pour respecter le paysage, magnifier les sources thermales et offrir aux visiteurs une expérience à la fois authentique et innovante.
Avec son ouverture, Korbous change d’échelle. La station devient une destination internationale de bien-être, sans renier son âme. L’héritage d’Ahmed Ier Bey, le charme des Années Folles et l’élan donné par le Président Bourguiba trouvent ici leur prolongement.
Sous l’impulsion du Royal Tulip Korbous Bay Thalasso & Springs, Korbous entre dans le XXIᵉ siècle avec grâce, profondément enracinée dans son histoire et résolument tournée vers l’avenir.
De Carthage à aujourd’hui, Korbous a toujours su séduire par l’alliance rare de ses paysages et de ses eaux bienfaisantes. Chaque époque y a laissé son empreinte, forgeant une identité unique qui marie mémoire et modernité. Le Royal Tulip Korbous Bay Thalasso & Springs s’inscrit dans cette continuité, offrant aux visiteurs le privilège d’un lieu à la fois intemporel, pétri d’histoire et résolument contemporain.
Image illustration article : Korbous ••ღ
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